Avec une note de 97.5%, Norette Ingabire s’est classée première au niveau national à l’examen d’Etat de 2014. Aujourd’hui, étudiante à Dartmouth College, l’une des plus prestigieuses universités du monde se trouvant dans l’état du New Hampshire aux Etats-Unis, Norette nous parle de l’examen d’Etat, de son parcours et de son actuel stage au sein de la société Facebook. Par Belyse Inamahoro
Belyse Inamahoro: Quels souvenirs as-tu de la période de l’examen d’Etat?
Norette Ingabire: Ça fait déjà quatre ans que j’ai passé l’Examen d’Etat, mais je me souviens clairement de cette anxiété qui régnait dans la salle d’examen du Lycée “Etoile des Montagnes” d’Ijenda. Pendant les quelques semaines qui ont précédé l’examen, j’étais un peu stressée parce que la matière à réviser était vaste et quelquefois je me demandais si j’ allais être à la hauteur de ce défi. Quand les surveillants sont venus au premier jour de l’examen, les questionnaires d’examen dans des cartons bien fermés, une nervosité se faisait sentir : on voyait ici et là un élève feuilletant encore ses notes, peut-être pour essayer de finir un exercice d’intégrales ou une primitive. Il y avait de nombreux élèves venant de différentes écoles qui s’étaient rassemblés à notre centre tellement qu’on avait du mal à trouver un endroit tranquille pour mieux se concentrer.
B.I: Comment t’es-tu préparée pour l’examen pour pouvoir obtenir une telle note?
N.I: Pour être honnête avec vous, je ne crois pas m’être préparée de manière si exceptionnelle pour obtenir la note que j’ai eue. Je me suis investie et, comme tout autre élève, j’y ai mis tous mes efforts. J’avoue que je tenais à faire le mieux que je pouvais pour réussir cette épreuve mais je n’aurais rien pu sans le concours de Dieu.
J’ai commencé par essayer d’organiser mon temps. Avoir établi un plan de révision est l’une des choses qui m’ont aidé à travailler efficacement et à réussir. Le temps que je réservais à chaque cours dépendait du volume de la matière et de ma facilité à l’apprendre. Je revoyais la matière apprise en classe, les exercices, je m’essayais aux examens des années antérieures,…
Également, j’avais prévu quelques jours de repos avant le début de l’examen car avec deux examens par jour, on a certainement besoin d’une mémoire toute fraîche et reposée pour rester bien concentrée.
B.I: Quelle a été ta réaction après avoir vu tes résultats et réalisé que tu étais première au niveau national? Et comment est-ce que tes proches, famille et amis, ont accueilli cette nouvelle?
N.I: J’étais super contente quand j’ai vu mes résultats de l’examen d’Etat. Après quelques semaines, j’ai appris que j’étais classée première. J’étais satisfaite. C’était incroyable et au-delà de ce à quoi je m’attendais ! Je n’en revenais pas car la pensée d’être première au niveau national ne m’avait jamais effleurée l’esprit.
Ma famille et mes amis étaient si contents et fiers bien au-delà de tout ce que je pourrais décrire ! Ma famille est, et a été mon grand soutien dès le début et je voulais vraiment les rendre fiers ! C’était un moment de joie absolue pour moi, ma famille et mes amis, ainsi qu’un honneur pour mon école, le Lycée Etoile des Montagnes d’Ijenda et toutes les filles/femmes Burundaises !
B.I: Comment t’es-tu retrouvée dans l’une des plus prestigieuses universités aux Etats-Unis?
N.I: Quelques mois après mes études secondaires, j’ai posé ma candidature pour le programme Bridge2Rwanda et j’ai été retenue. Ce fût une grande opportunité pour moi car ce programme préuniversitaire œuvrant au Rwanda aide les jeunes lauréats qui terminent l’école secondaire à se familiariser au système d’éducation anglophone, à passer les tests de TOEFL et SAT pour la plupart des fois requis pour postuler dans les universités américaines. J’y ai passé une période légèrement supérieure à une année et c’est là que j’ai décroché une bourse d’études au Dartmouth College.
B.I: Tu es actuellement en train d’effectuer un stage professionel à Facebook. Comment as-tu fait pour décrocher cette opportunité? Et qu’est-ce que ça fait d’être une Burundaise au sein d’une telle organisation?
N.I: C’est sur la page carrière de l’entreprise Facebook que j’ai découvert qu’il y avait une offre de stage. J’ai décidé de tenter le coup mais au fin fond de moi, j’étais persuadée que la tentative était vouée à l’échec. C’est ainsi que j’ai timidement posé ma candidature. Peu après, on m’a programmé pour une interview et par la suite, on m’a appelé pour m’annoncer que j’étais finalement admise en stage. Je ne croyais pas mes oreilles !
Être à Facebook est une expérience tellement enrichissante pour moi qui suis en train de poursuivre mes études en Informatique. C’est à la fois une opportunité de mettre en pratique les connaissances que j’ai déjà acquises au cours de ces deux petites années que je viens de passer à l’université et de découvrir une grande entreprise comme Facebook ! L’organisation regroupe une immense diversité d’employés; c’est un grand privilège de rencontrer des gens de différentes cultures avec qui nous échangeons nos différentes expériences. Comme burundaise, je prends également plaisir à faire découvrir mon pays à pas mal de gens ici qui n’ont jamais entendu parler du Burundi ou qui n’arrivent pas à le situer sur la carte de l’Afrique.
B.I: Où vois-tu Norette dans les dix années à venir ?
N.I: Ce n’est pas une question à laquelle je pourrais répondre avec précision. Peut-être que j’essaierai juste d’exprimer mes souhaits. J’aimerais surtout qu’au bout de dix ans je puisse être à un niveau où je pourrais servir ma communauté, mon pays et de faire du Burundi un meilleur environnement pour les générations actuelles et celles à venir.
Je suis passionnée par la technologie, la santé, l’éducation ou tout autre domaine qui me permettrait de servir mon pays et de participer à son développement. Toutes mes passions ne s’excluent pas mutuellement, mais mon plus grand rêve est d’apporter à ma chère patrie tout ce que je pourrai pour faire avancer l’éducation technologique au profit des prochaines générations.
B.I: Quel message as-tu pour les élèves qui passeront l’examen d’Etat dans quelques jours?
N.I: A l’approche de l’examen d’Etat, je sais que certaines peuvent se sentir débordées, pas encore prêtes pour l’examen et tentent de tout réviser sans assurance d’y arriver. N’importe quelle situation peut être source de stress, mais il est toujours possible d’éliminer ou réduire les effets de ces facteurs de stress sur vous. Le stress n’a pas à avoir le dessus ! Ayez confiance en vous et en vos capacités, vous pouvez y arriver. Le fait que vous ayez déjà réussi en classe est signe que vous êtes compétentes.
Prenez alors tout ce temps qui vous reste à vous préparer à l’examen ! Ne laissez rien vous distraire, travaillez sans relâche, et gardez votre calme. Exploitez au maximum vos heures, essayez de les rentabiliser et ainsi vous serez efficaces. Collaborez pendant ce temps qui vous reste, que celle(celui) qui est forte aide celle(celui) qui est faible. La mise en commun de vos capacités pourrait aider à atteindre des résultats supérieurs et à obtenir potentiellement le meilleur de chacune de vous. Même nos ancêtres l’ont dit, deux têtes valent mieux qu’une !
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